00060 - BOURRINE

Renfrognée au milieu des arbres, la chaumière bourrue se souvient de l’été et des touristes qui, nombreux, se baladaient dans sa cour, parmi ses animaux et ses charrues, touchant le métal rouillé et le bois blanchi par de longs hivers pluvieux.

Presque imprécise dans le demi-jour brumeux, elle ne voit plus le doux pelage des ânes qui attiraient les caresses des enfants, ni leurs yeux soyeux, ourlés de noir et reflétant les couleurs alors présentes partout.

Le chaume chaud de l’été ne porte plus le ruban de fleurs qui poussaient le long de son faîte, lui donnant un air de jeune fille endimanchée. Frileuse, elle se tasse au milieu des arbres qui attendent elles aussi le retour de la lumière.

Le long des routes qui en éventail s’éloignent du marais, les visiteurs étaient retournés chez eux, sans que la bourrine demeure plus longtemps dans leur rétine, parcourue par les images filantes des routes et des rues éclairés où ils retrouveront leurs maisons. 

Regina MAM